Baba Zula - Karen Willems 'Terre Sol Four'

Les maîtres incontestés de la musique psychédélique turque du 21e siècle débarquent pour la première fois au Botanique afin de délivrer un véritable festin audiovisuel. Composé d’expérimentations et d’improvisations musicales, de costumes élaborés, de poésie, de théâtre et de danse, chaque concert est une prestation extraordinaire et unique en son genre.

Fondée à Istanbul en 1996, la légende du dub oriental BaBa ZuLa n’aurait pas vu le jour sans ses membres fondateurs : Mehmet Levent Akman (cuillères, percussions, machines, jouets), Murat Ertel (saz électrique et autres instruments à cordes, chant, thérémine), ainsi que le joueur de darbuka et de percussions Ümit Adakale et d'Esma Ertel au chant et à la danse.

En mélangeant des instruments traditionnels tels que la darbuka, le saz électrique unique et conçu spécialement par Ertel lui-même et les cuillères en bois avec de l’électronique et du dub, BaBa ZuLa évoque une boussole musicale en provenance directe du carrefour culturel d’Istanbul. Entre racines musicales turques qui remontent à l'époque préislamique et chamanique, en passant par l'Anatolie, sa culture et les légendes de la route de la soie et des épices, ainsi qu'à travers les influences occidentales, préparez-vous à vivre une performance artistique qui porte les traits d’un rituel magique.

KAREN WILLEMS

Tout est lié. Non seulement dans le grand schéma des choses, mais aussi dans l'univers coloré de Karen Willems. Une quête personnelle de toute une vie pour de profondes expériences à travers l'organisation du son a conduit à la série cruciale de cassettes « Terre Sol » en 2020. C'est de ce puits fertile qu'est né « Grichte » (2022), un double LP qui présente Willems comme une exploratrice originale et une chef d'orchestre engagée.

« Juju » poursuit le travail accompli sur la seconde moitié de cet album avec Terre Sol, devenu depuis Terre Sol Four : La voix de Willems, la batterie, les objets de percussion, les claviers et les enregistrements de terrain accompagnés par les saxophones de Marc De Maeseneer, Vincent Brijs et John Snauwaert. Sur « Juju », le quatuor creuse toujours plus profond et le résultat est tout à fait envoûtant. Le travail récent de Willems combine l'expérimentation artistique sans relâche avec un engagement pour des questions sociopolitiques plus larges. Essentiellement, elle tente d'établir une discussion avec son entourage, nous rappelant nos responsabilités en ces temps agités et égocentriques. La crise des réfugiés est un thème, la conscience écologique en est un autre, et il est difficile de ne pas considérer « Voor De Stranden Verdrinken » (« Avant que les plages ne se noient ») comme un avertissement caustique.

La musique de « Juju » reste aussi aventureuse qu'auparavant, mais cette fois-ci, le jeu semble encore plus confiant, diversifié et percutant. On y trouve de riches arrangements vocaux, des saxos rugissants et de grandes mélodies. Il s'inscrit parfaitement dans la production de Willems et c'est peut-être son album le plus cohérent à ce jour. Contagieux à souhait, soigneusement élaboré, percutant et plus accessible que jamais, c'est le son d'une artiste au sommet de son art, qui ne se contente pas d'élargir sa gamme, mais qui creuse plus profondément avec un plaisir évident. Ce n'est pas seulement intrigant, c'est inspirant.